un ouvrier dans le glaciel -
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La cellule naïve

On y entre par une ecchymose. On devine des motifs de corail et un trait qui ressemble à un cadenas, à un astre. En troisième page, une typographie aux empattements anguleux, aux pleins et aux déliés contrastés, introduit un ton solennel. Le caractère de labeur est linéal, on y remarque un maniérisme géométrique. Le papier est tordu par les mots et change de fini tout au long du chemin. C’est l’oscillation du jour et de la nuit. Des fragments d’illustrations peuplent le déroulé. Elles sont traitées comme un courant sous-marin, un cœur d’arrachement. Des territoires que les mots traversent. Le livre est divisé en trois sections, pour chacune d’entres elles une double page lie un titre et une illustration. En retournant l’objet s’opère un renversement du cercle : l’ecchymose blanche est un grand soleil !
 

  • C’est tout d’abord un rouge d’une relation qui a beaucoup saigné. La difficulté de le verbaliser est tempérée par un grand soleil qui traverse la couverture. Je ne sais pas si Éliot a personnifié ce soleil à mon égard. Comme si mes propos percutants pouvaient rayonner à travers la noirceur du vécu. Il m’a accueilli dans toutes ces anecdotes d’internement. Et ce soleil peut être le clin d’oeil à l’épiphanie d’un lever dans la chambre 6211. La blancheur des draps, des murs, des infirmières. Ma peau de femme en psychose translucide. Les trois sections du recueil ont été choisies de commun accord avec Éliot. Comme un graphique de phases en lien avec mon épisode. La sournoise pour cette dissociation qui a eu lieu dans ma tête. La plaie pour la colère qui émerge et laisse des traces indélébiles. Puis l’apothicaire pour tous ces comprimés qu’on m’a tendus d’une main de gavage. Le coeur du livre est écrit noir sur noir pour ces revendications qui ne font pas de sens. Cet appel à la réparation vers un destinataire fantôme. Je le trouve précieux dans ce qu’il a d’hermétique. Je dois avouer que le retour des couleurs devait concorder avec le retour de l’espoir. Mais je l’ai feint. Je l’ai imaginé, projeté, construit. Je ne le ressentais pas au moment de la parution. Un autre détail marquant du livre est selon moi, la bête qui se détache du paysage à la fin. Éliot l’avait chosi dans une pile d’oeuvres que je lui avais fournies pour imager le recueil. Le milieu psychiatrique est derrière mais le spécimen marginal me suit. Cette cellule naïve continuera d’exister dans ce qu’elle est devenue de nodule du coeur.

    Geneviève Bilodeau Blain

Auteure :  Geneviève Bilodeau-Blain
Design :  Éliot B. Lafrenière 
Pages :  64
Circulation :  350
Isbn :  978-2-9816103-1-7
Éditeur :  omri
Lancement :  Mai 2017 — Saint-Henri